Mise à nu

D’une main elle tient sa faux, de l’autre dévoile le vrai.

C’est tout… pour le moment !

« Mise à nu », c’est un projet artistique aux mille facettes pour lequel j’ai endossé à la fois le rôle de maquilleuse, modèle, photographe et poète, avec la partie participation de mon compagnon, lui-même auteur de certains textes. Comme une mise en abîme, ses compositions cohabitèrent avec ma maladie qui devint un prétexte supplémentaire à la création. Une démarche à la fois très intime et à visée universelle, pour exorciser, sublimer… Mais aussi raconter des histoires qui ont du sens.

« Octobre rose »

Avec les maux, les fleurs du cerisier tombent en une pluie rosée.
Sans un mot, ils s’évaporent dans la brise d’été.

« Ce qui me consumme »

Est-ce la passion dévorante, qui chaque jour me hante de m’accrocher à la vie ? Rallumer la flamme de l’envie.
A bras ouverts embrasser le présent comme on embrasse l’ardeur des vivants !
Mais il y a aussi la source de fureur. Devant l’impuissance et trop de brassage d’air, la révolte a un goût de rance et la colère incendiaire, celle qui carbonise la paix, l’amour et l’accueil…
Mais au fond, c’est peut-être surtout le deuil. La plaie cuisante après l’enfer, des braises devenues poussières.
Quand la peine terrasse, c’est comme se sentir partir en fumée… Lorsqu’elle prend toute la place, quel espace à la vie pouvoir donner ?

« Au phare du savoir »

Capitaine de notre navire,
Pour le meilleur et pour le pire,
Il faut savoir souquer ferme, moussaillon !
Lorsqu’on dérive dans un flot d’informations.
Alors si entre croire et savoir, ton cœur balance,
Repère toi à la lumière de la connaissance.
Une étoile du berger qui te guide dans ce monde
Lorsque tes intuitions trompeuse t’inondent.
S’ancrer dans un récif qui a fait ses preuves
Loin des tumultes de ton roman fleuve.
Pour mieux naviguer dans l’océan des possibles,
Notre cher gouvernail restera notre esprit,
Qu’il soit avisé, et toujours perfectible,
Pour mieux nous orienter dans la vie.

« Météo intérieure »

Quand être soi devient inconfortable, certains se racontent une fable :
« Il était une fois, un ciel sans nuage ». Comme si le gris était signe de mauvais présage.
Mais derrière la quête du ciel bleu azur, j’entends surtout « Il faut que tu assures ! »
Pourtant, exiger le Positif, c’est choisir la Négation. Celle d’une part entière de la météo de nos émotions.
Comme si on souhaitait la figer dans le temps?

Seulement, c’est oublier qu’intemporelles demeurent nos intempéries.
Si le dicton dit que le soleil revient après la pluie,
La vraie histoire n’attend pas le retour des éclaircies Quand il est temps d’écouter l’orage…


La liberté d’être soi, c’est respecter ce qui nous traverse. Même nos tempêtes et nos averses.
N’oublions pas que la pluie nourrit la terre.
Elle nettoie la poussière et rafraichit les horizons.
Et si c’est souvent le soleil qu’on lui préfère,
C’est pourtant un arc-en-ciel… Qui naîtra de leur union.

« Octobre rose »

Quelque part dans le vertigineux néant, de l’infiniment grand vient infiniment petit.
Minuscules briques élémentaires, pourtant d’un puzzle à l’incontestable complexité.
C’est l’évolution d’où naquit sur terre, des milliards de desseins.. animés.
La vie. Cette créature à l’origine mystérieuse, n’a nul besoin d’un créateur pour demeurer une véritable œuvre d’art.
Son existence seule suffit à donner le ton, car elle-même l’unique témoin de sa grâce.
Palette astrale en constante évolution,
Ses mille lignées elle les ajuste ou les efface. Et puis nous voici.
Divine ébauche, depuis un instant seulement sur son tableau.
Poussière d’étoiles mais consciente d’exister, nous sommes l’univers s’observant lui-même.
Insignifiant, mais avec le pouvoir du signifié, nous donnons sens à l’écosystème.
Avec notre entreprise le monde témoigne, la poésie s’émeut, la science triomphe.
Hélas, notre grandeur capable de magnifier le monde
C’est aussi la folie des grandeurs qui déborde et inonde.
L’homme, qui joue à l’apprenti artiste avec la terre, a rompu sa mine.
Car il manipule les éléments d’un univers qui le domine. Comble de l’ego, si habile pour méditer sa condition, D’être celui qui égare les pièces de sa propre maison.

« Prison intérieure »

Voix cassée
Atterrée, au sol.
Pensées enfermées
Inaudibles, ineffables.
Comme un affabulateur interné
Aux cris étouffés, par les parois matelassées.

Comme un prisonnier doit tirer sa peine
C’est la clé de sol que l’on retrouve
Prête à mesure que les maux se pensent
À dénouer la gorge
Et libérer la parole.

« Prison intérieure »

Je suis cent gènes, mille gènes.
Racine de vie, tronc, ADN.
Le seul miracle, le spectacle de la science;
Sous nos yeux, l’improbable
Expérience d’être et de penser
Par l’évolution, la naissance de la conscience,
Sélection Admirable,
Sans Dieu ni messager.

Alors qu’importe ce que je préfère
Sauf preuve contraire
Corps et esprit ne sont pas séparés.
Notre sentiment aigu d’exister,
C’est le résultat inattendu d’une opération complexe,
Par milliard de connexions du cortex.
Peut-être est-ce cela devenir adulte ?
Serait-ce se détacher de la pensée occulte
Pour mieux percevoir dans le monde la beauté
Qui seule nous gorge déjà de spiritualité.

« Congruence »

Être un esprit éclairé, c’est l’intelligence au service du cœur. Car il ne suffit pas d’être brillant pour être clairvoyant.